da Nice Matin:
“Ils nous tuent, à petit feu”. Joseph, patron de la brasserie “La Strada” est en ébullition. Il n’est pas le seul.
Le succès du restaurant solidaire, ouvert depuis mi-décembre sous l’église Saint-Pierre d’Arène, suscite inquiétude et colère chez les professionnels du quartier. “Le curé propose un menu complet à 11 euros. On ne peut pas s’aligner sur ces prix. Ils ont des bénévoles, ne paient pas de loyer… Moi je débourse 2000 euros par mois pour mon commerce. C’est de la concurrence déloyale, parce qu’en plus ils accueillent tout le monde, pas seulement les démunis.”
Même son de cloche chez Patricia. Elle a fermé son établissement, fin janvier. “Je suis passée de vingt à quatre couverts par jour, depuis que le restaurant a ouvert sous l’église.”
Le préfet et le maire saisis
Une dizaine de professionnels de ce quartier situé en bas du boulevard Gambetta a saisi Hubert Boivin. Le président de l’Union patronale des cafetiers restaurateurs s’est fendu d’une lettre. Adressée à la mairie, propriétaire des lieux. Au préfet. Et une pétition circule.
“Nous demandons au maire et au président du conseil général de faire en sorte que ce restaurant n’accepte que des personnes démunies et préenregistrées au centre communal d’action sociale.”
Sur les réseaux sociaux, la polémique sur fond de soupe à la grimace se répand: concurrence déloyale, business sous couvert de caritatif… Le père Gil Florini n’est pas en odeur de sainteté chez les restaurateurs.
Florini: “Je nourris qui je veux”
“Ça me désole, mais ça ne m’empêche pas de dormir, commente le prêtre. L’histoire de la baisse d’activité n’est pas recevable. La restauratrice a fermé un mois après notre ouverture, quand on ne faisait que vingt couverts par jour. Que veulent-ils? Que l’église se contente de dire la messe?”
Il enchaîne: “Je nourris qui je veux, quand je veux, tant que c’est légal. Le but c’est que le repas ne soit pas cher et, que sur chaque menu payé, 2 euros soient utilisés pour financer un repas pour les démunis. Les clochards, quand ils viennent à 20 heures, je leur donne à manger, et eux? Ceux qui se plaignent sont des médiocres”. En résumé, ils n’ont pas à mettre leur grain de sel dans le restaurant solidaire. Ambiance…
À l’évêché, on insiste sur la dimension sociale et culturelle des lieux.
“Ce n’est pas une association électron libre. Tout est transparent et contrôlé, c’est un vrai projet solidaire, soutenu par le diocèse. On le suit de près et on a d’ailleurs de très bons échos des paroissiens, commente Didier Torrès, délégué épiscopal à l’immobilier. Depuis plus de 2000 ans, l’Église aide les nécessiteux, le but n’est pas de concurrencer les restaurateurs.”